Autrefois, j'étais belle, j'attirais les regards,
Sur mon glorieux passage, les hommes se retournaient,
Le monde et ses égards, oui, tout m'appartenait,
A présent, je suis vieille, j'ai perdu mon pouvoir.
J'ai bien reçu des roses, leurs épines m'ont blessé,
Et sans jamais plier, j'ai lutté, supporté.
Mais tous ces coups du sort, reçus en pleine face,
En laissant sur ma peau, d'indélébiles traces,
Ont fortifié mon âme, comme un muscle qui travaille.
Elle devenait plus belle, après chaque bataille.
Et vous tous qui pensez, sa beauté s'est fanée,
Emportée par le vent, eh bien vous vous trompez,
Car de cette sombre pierre qu'était mon coeur avant,
Les intempéries de la vie en ont fait un diamant.
Derrière mes yeux, délavés par tant de larmes versées,
Et mes paupières ridées, usées par les tourments,
Se cache mon âme, regardez-la et vous verrez,
Comme je suis belle, bien plus belle... qu'à vingt ans.
Martine Hadjedj